« Le cahier de charges pour l’importation des intrants est anecdotique face au problème de fond »

Catégorie : Média

Date : 9 novembre 2020

« Pour l’expert industriel Lotfi Halfaoui, nos gouvernants ont mal fait d’encourager prématurément certaines filières, à l’image de l’électronique et l’électroménager sans valoriser à outrance nos matières premières et irriguer tout le pays de TPE, PME de transformation et de manufactures à même de fournir les intrants nécessaires à ces filières en difficulté.

Après le boom des années 2000, la filière électronique et électroménager replonge dans la crise. Comment expliquez-vous cela ?

Le boom que vous évoquez est dû à la hausse vertigineuse des prix du pétrole et non à un développement économique rationnel. Je note une double responsabilité de cause à effet sur le sujet :

Une responsabilité gouvernementale :

Une responsabilité industrielle de la part des chefs d’entreprises de la filière électronique et électroménager
La responsabilité des pouvoirs publics est due à une absence de vision globale de développement des filières électronique et électroménager sur le long terme. En effet, les «intrants» sont en majorité importés et la disponibilité des devises n’est pas évidente. Conséquence, les pouvoirs publics ont violemment institué des «verrous administratifs et organisationnels» pour empêcher ces filières à l’accès à la devise.

La deuxième responsabilité, celle des chefs d’entreprise est une faible culture de risques, aussi bien de management qu’industriels, compte tenu de la fragilité de notre balance de paiement devises soumise depuis des lustres «à l’humeur du marché pétrolier», d’instabilité de l’environnement juridique et économique et un tissu industriel national insignifiant, notamment en sous-traitance. Conséquences cette «naïveté entrepreneuriale» les mets dans l’embarras.

Quel impact du régime SKD-CKD sur la filière ?

Le régime SKD-CKD a été initié par le gouvernement suite à l’interdiction d’importer des produits finis. Les opérateurs de ces filières ont «tout bonnement» investi ce créneau pour produire sous label international. L’absence d’une politique industrielle structurée nous a menés droit au mur. Il n’y a pas d’avenir en Algérie pour de tels régimes SKD-CKD, car gourmande en inputs importés … »

Entretien réalisé par Samia IMADALOU pour le journal EL WATAN (édition du 9 novembre 2020).

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